Les logiciels d’exploitation des TBI, les TBIciels, présentent à des degrés divers des compatibilités entre eux, avec des fichiers produits par des logiciels tiers, avec des matériels périphériques ; c’est cette capacité à réutiliser l’information extérieure et à communiquer que nous avons choisi d’envisager et que nous appelons ici ‘’interopérabilité’’.
Nous employons donc le terme dans une acceptation infiniment moins stricte que celle qui lui est ordinairement donnée (se reporter, notamment, à la définition de l’ Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres et à son explicitation sur la page qui lui est consacrée par l’AFUL à l’adresse suivante : https://aful.org/gdt/interop … ).
Si l’on devait s’en tenir à cette définition en usage, la question serait rapidement réglée par la négative : à l’instar de bon nombre de logiciels commercialisés, les TBiciels proposés par les fabricants de matériels interactifs sont des logiciels propriétaires et n’offrent pas de véritable interopérabilité.
On notera cependant la proposition en 2010 d’un format de fichier ouvert (CFF), le format .iwb (Interactive Whiteboard File Format) destiné à définir un standard et assurer une interopérabilité entre les différents TBiciels. A l’essai, on constate que cette interopérabilité est minimale et imparfaite : si les éléments de base – textes, images, formes – sont globalement pris en compte et restitués, les attributs des objets et leur positionnement ne sont pas toujours préservés.
Le format .iwb est aujourd’hui supporté en importation et en exportation par les TBiciels les plus diffusés mais il reste cependant du chemin à accomplir. Il est vrai que certains fabricants de tableaux interactifs se sont considérablement investis dans le développement du Tbiciel accompagnant leurs matériels et que ce logiciel propriétaire représente parfois un argument de vente majeur …
Malgré les défauts évoqués, les TBiciels présentent bien des pans de compatibilités qui répondent peu ou prou aux besoins des utilisateurs effectifs ou potentiels et qui méritent d’être considérés… Les interopérabilités attendues sont fort diverses et les enjeux inégaux : en ce qui concerne les contenus, les formats de fichiers acceptés, par exemple, il est souvent possible de s’arranger avec les restrictions et les incompatibilités. Ainsi, les fonctions de capture proposées par les TBiciels permettront-elles de ‘’photographier’’ textes et tableaux et d’en disposer sous forme d’images ; elles permettront également d’enregistrer videos et animations afin d’avoir la certitude d’en disposer sous un format supporté par le Tbiciel…
L’interopérabilité matériels ⇄ logiciels
Chacun des principaux fabricants de solutions interactives a développé son propre logiciel qui permet tout à la fois de gérer le matériel (pilotes), ses fonctionnalités, et de produire des supports de présentation interactive.
En règle générale, il est possible, après l’installation du logiciel fourni avec le matériel, voire au prix du lancement préalable de ce dernier et de sa conservation en arrière plan, d’utiliser n’importe quel autre Tbiciel. Certains fabricants, d’ailleurs, proposent l’acquisition de licences de leur logiciel indépendamment de leurs matériels.
2. L’interopérabilité Tbiciel ⥃ autre Tbiciel
Les TBiciels des fabricants sont des logiciels propriétaires et les fichiers produits par l’un d’entre eux ne sont a priori pas réutilisables avec un autre. Certains de ces logiciels permettent toutefois d’importer des documents produits sous des environnements concurrents. Mais Il s’agit parfois d’un processus univoque, un aller sans retour, l’exportation au format natif n’étant pas toujours possible…
Les principaux acteurs ayant accepté de supporter un format de fichier ouvert, le format .iwb , il est aujourd’hui envisageable, pour les utilisateurs de tableaux numériques, d’échanger des documents, voire, de switcher d’un environnement logiciel à un autre… en s’exposant toutefois à des déperditions (c.f. introduction)…
L’interopérabilité entre différentes versions d’un même Tbiciel
Un Tbiciel a deux usages : la préparation des supports de présentation et leur exploitation en présentiel. Le logiciel est donc susceptible d’être utilisé tour à tour sur des ordinateurs qui fonctionnent sous des systèmes d’exploitation différents.
Si la plupart des fabricants ont décliné des versions de leur Tbiciel adaptées à Windows et MacOs voire à Linux, il n’est pas rare que ces versions divergent ; notamment du point de vue de leurs fonctionnalités. Cette compatibilité partielle peut engendrer des restrictions d’usage.
Plus ennuyeuse encore : l’incompatibilité complète… lorsque l’éditeur, par exemple, ne s’est pas attaché à préserver dans les versions successives de son Tbiciel la compatibilité descendante (ou rétro-compatibilité). L’utilisateur peut alors se trouver dans l’impossibilité d’exploiter un support sur un poste de travail qui n’aurait pas bénéficié de la dernière mise à jour…
Fort heureusement, ce problème a été rencontré de façon marginale. Par ailleurs, à l’encontre de ce qui existe pour bon nombre de logiciels commerciaux, les mises à jour des TBiciels sont généralement proposées gratuitement ; rien, donc, ne s’y oppose…
L’interopérabilité Tbiciel ⥂ Logiciel de présentation de diapositives
Les Tbiciels s’apparentent aux logiciels de présentation de diapositives, tel Powerpoint de Microsoft, que l’on utilise ordinairement en association avec un vidéoprojecteur et ont vocation à les suppléer. En effet, si la forme du support créé et projeté est la même – une série de diapositives, de pages-écran -, l’environnement de travail proposé par le Tbiciel met à disposition de l’utilisateur une palette d’outils conçue pour lui permettre de tirer pleinement parti des fonctionnalités du tableau interactif et d’intervenir sur le support de présentation. On sera donc amené progressivement à délaisser le logiciel de présentation de sa suite bureautique pour lui préférer le Tbiciel.
Bien des utilisateurs, notamment en entreprise, souhaiteront conserver le bénéfice de leur travail antérieur et le transférer dans l’environnement logiciel du tableau numérique. L’importation des présentations aux formats .ppt et .pptx est toutefois diversement prise en compte par les Tbiciels : certains permettent de restituer les diapositives globalement et les importent sous forme d’images. D’autres réalisent une importation plus fine, respectueuse de la nature des objets des diapositives : images et textes sont alors importés distinctement en tant que tels. Ce qui peut permettre de modifier, d’actualiser les contenus – les textes, notamment – sans devoir tout reprendre. Seuls les contenus multimédias et les effets éventuels seront perdus.
Après importation d’un fichier .ppt ou .pptx, l’utilisateur va travailler sur un nouveau fichier au format propriétaire du Tbiciel ; ce qui implique que le fichier original sera préservé et que les modifications apportées n’y seront pas enregistrées…
L’interopérabilité Tbiciel ⤌ Traitement de texte
L’importation de fichiers .doc ou .docx, lorsqu’elle est proposée, n’est pas toujours probante, le contenu n’étant pas importé en tant que texte mais globalement, sous forme d’image… ce qui le rend impossible à modifier…On aurait obtenu un résultat du même ordre avec une capture d’écran…
Lorsque l’utilisateur souhaite insérer dans son support tout ou partie d’un document texte existant, il devra recourir à un copier/coller… ou, en certains cas, à un simple glisser/déplacer. Le résultat obtenu varie cependant selon les TBiciels : si le texte résultant du collage prend place dans un cadre-texte et reste modifiable, le formatage du document d’origine et les attributs du texte ne sont pas toujours restitués fidèlement.
L’interopérabilité Tbiciel ⤌ Fichier .pdf
Certains Tbiciels permettent de transformer les fichiers .pdf en supports de présentation. Les différentes pages du fichier .pdf deviennent alors des diapositives et le contenu importé pourra être annoté. Attention, cependant : à la différence de certains logiciels, des logiciels d’OCR par exemple, les contenus des fichiers .pdf sont généralement importés indistinctement en tant qu’images et ne sont donc pas modifiables.
L’interopérabilité Tbiciel ⤌ Tableur
Bon nombre de Tbiciels ne disposant pas de fonction dédiée à la construction de tableaux, on souhaiterait pouvoir insérer un tableau produit avec un logiciel de type tableur (ex : Excel de microsoft). Le copier/coller donne ici un résultat incertain, rarement exploitable, et l’utilisateur doit généralement se satisfaire d’un substitut : le tableau réalisé dans le logiciel de bureautique sera exporté en tant qu’image et collé comme tel…ce qui implique, toutefois, qu’aucune modification ou mise à jour ne pourra être réalisée depuis le Tbiciel.
Sous MacOS, le copier/coller de tableaux produit parfois de meilleurs résultats.
L’interopérabilité Tbiciel ⤌ Fichiers multimédia
Si les images aux formats courants – jpeg, png, gif… – sont reconnues et peuvent être importées par les TBiciels, il n’en va pas de même des fichiers multimédias. Certains logiciels s’avèrent, en ce domaine, extrêmement restrictifs : impossibilité d’insérer un document sonore (fichiers .wav ou .mp3)… prise en charge minimaliste des formats vidéos. Les tests révèlent ici une grande hétérogénéité des situations : certains logiciels ne permettent que l’insertion de fichiers flash, d’autres sont plus ouverts, autorisant l’insertion de fichiers .wmv, voire, à condition de disposer des codecs correspondants, de tous types de fichiers vidéos.
En ce domaine, sous MacOs, l’utilisateur se heurte à une limitation particulière : depuis l’arrêt du développement de Perian, les dernières versions du système d’exploitation (Mavericks…Yosemite) ne permettent que la lecture des fichiers admis par Quicktime…
Dans tous les cas, cependant, il est possible de contourner les difficultés rencontrées en faisant un lien avec un fichier vidéo extérieur au support et en confiant la lecture de ce dernier à VLC. Avec un inconvénient, cependant : lorsque l’on transférera le support (sur une clé USB, par exemple), il faudra songer également à transférer les fichiers cibles des liens…
L’interopérabilité Tbiciel ⤌ Tablettes
De nombreux utilisateurs sont aujourd’hui en quête de solutions qui offrent des possibilités d’interactions entre un tableau numérique et des tablettes tactiles. A défaut d’une réponse spécifique, il est possible de recourir aux logiciels de prise de contrôle à distance, tel l’excellent Teamviewer. Cette solution convient tout à fait pour un usage élémentaire : à condition de disposer d’une connexion internet, on disposera de l’affichage du tableau interactif sur la tablette et l’on pourra intervenir sur le tableau interactif depuis la tablette.
Des solutions dédiées ont également été développées par certains fabricants, à l’exemple de celle proposée par Mimio et principalement destinée au monde de l’éducation. L’application MimioMobile permet en effet d’instaurer et de gérer une communication bi-directionnelle entre un tableau interactif fonctionnant avec MimioStudio et des tablettes ou des smartphones sous IOs ou Androïd. La procédure d’appariement est simple et rapide : il suffit à l’utilisateur de photographier depuis son terminal le flashcode affiché sur l’écran de l’ordinateur pour initier la connexion. Lorsque la communication est établie, l’écran de la tablette de l’enseignant devient un clone miniature de ce qui est affiché sur le tableau interactif : un tracé effectué sur la tablette apparaît en temps réel sur le tableau et vice versa. Il est alors possible de piloter le tableau interactif depuis la tablette… L’enseignant a la faculté de transférer ces possibilités d’intervention à une autre tablette, à l’élève de son choix… MimioMobile, ici, se distingue du recours à une application de prise de contrôle à distance par des contraintes moindres et une facilité de gestion du dispositif. On peut cependant regretter une limitation : s’il est compréhensible que les possibilités d’intervention sur le tableau interactif ne puissent être accordées qu’à une tablette à la fois, il serait souhaitable que cette restriction ne concerne pas l’affichage… et que tous les utilisateurs des tablettes puissent disposer simultanément sur leur écran de l’affichage du tableau interactif.
D’autres possibilités sont offertes par l’application MimioMobile, en particulier, celle, pour l’enseignant, d’organiser une évaluation : les questions préparées par l’enseignant s’affichent au tableau et chacun des élèves répond depuis sa tablette tactile. Les réponses sont ensuite traitées par le logiciel et permettent d’établir des statistiques globales, mais aussi individuelles.
Cette association tableau interactif <> tablettes tactiles est prometteuse et offre ici une alternative aux fonctionnalités offertes jusqu’alors par les périphériques propriétaires dédiés : tablettes bluetooth et boîtiers de vote.
L’interopérabilité Tbiciel ⤌ Visualiseurs
Les fabricants de tableaux numériques proposant souvent en option un visualiseur, ils ont implémenté dans leur Tbiciel la gestion de ce périphérique. Pour l’utilisateur, les procédures sont alors simplifiées : réglages et commandes du visualiseur sont intégrées et accessibles depuis le Tbiciel. Ces facilités sont généralement limitées au(x) seul(s) visualiseur(s) commercialisés par le fabricant : les visualiseurs tiers ne seront pas reconnus et gérés par le TBiciel. Il sera néanmoins possible de les utiliser mais au prix de deux étapes supplémentaires : capture de l’image en recourant au logiciel accompagnant le visualiseur puis, copier/coller afin de l’insérer dans le support. On remarquera que, s’agissant d’annoter l’image capturée par le visualiseur, il ne sera pas toujours nécessaire d’utiliser le TBiciel : certains logiciels fournis avec les visualiseurs (ex : Sphere2) proposent en effet leurs propres fonctionnalités d’annotation.
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Pour terminer ce chapitre consacré à l’interopérabilité, abordons la question du cheminement inverse : l’exportation des supports et leur consultation ou leur réutilisation dans des environnements autres que celui du Tbiciel.
Concernant l’exportation en vue d’une utilisation avec un autre Tbiciel, le format .iwb (ou CCF) est généralement proposé, permettant à l’utilisateur de retrouver dans un autre environnement l’essentiel du contenu de son document. Plus rarement et de manière très limitée, certains TBiciels prennent également en compte des formats concurrents.
Dans la perspective de permettre la diffusion et la consultation ultérieure des supports réalisés, les TBiciels offrent à l’utilisateur plusieurs options : on pourra ainsi aisément, à l’issue d’une session de travail, convertir le document annoté en images, l’exporter sous forme de diapositives (format .ppt ou .pptx), le transformer en un fichier .pdf, voire, le transformer en pages web…
Note : Les Tbiciels sont des logiciels en constante évolution… Résolution de difficultés particulières, développement et enrichissement des fonctionnalités proposées, des formats supportés…Les fabricants de tableaux interactifs ne cessent de s’adapter et d’apporter des améliorations à leurs logiciels. Si, malgré l’attention portée à ce tour d’horizon, des erreurs existaient, nous remercions le lecteur de bien vouloir nous les signaler afin qu’elles puissent être corrigées…