Témoignage d’une enseignante amenée à intégrer le tableau blanc interactif dans sa pédagogie quotidienne.

Les TBI : apports et contraintes

Une technologie nouvelle à maîtriser

L’arrivée des TBI dans le monde de l’éducation est un événement important mais dans les faits, l’apparition d’une technologie nouvelle pose souvent quelques problèmes.

Il faut d’abord souligner que le tableau blanc interactif coûte cher ! Ils représentent un réel investissement, ce qui peut souvent freiner voire bloquer son apparition dans certaines écoles.

De plus, une grande partie du personnel enseignant se retrouve démunie face à cet outil ! Comment l’utiliser efficacement ? De quelle manière le mettre réellement à profit en exploitant toutes ses possibilités ? Il existe un réel manque de formation et la majorité des enseignants devra se former seule, au contact de l’outil ou avec le soutien de collègues plus expérimentés.

Cependant, une fois que l’enseignant le maîtrise et qu’il parvient à le mettre efficacement en place au quotidien, le tableau interactif  se révèle être un outil précieux permettant un vrai gain de temps, une meilleure dynamique dans l’assimilation des savoirs, plus d’interactivité, de motivation…

Un enseignement dynamique

Les TBI permettent à l’enseignant de modifier ses pratiques. Il gagne d’abord du temps en classe : les devoirs à noter, les leçons à copier, les images à afficher… Tout est préparé en amont, il n’y a plus qu’à afficher au TBI ! Le temps de présence de l’enseignant peut alors être dédié réellement au soutien et à l’accompagnement des élèves.

Ces nouvelles technologies apportent plus de dynamisme dans une classe. Les élèves ne sont plus tête baissée sur un support individuel, ils regardent tous ensemble dans la même direction. Les textes, les images s’affichent, sont déplacés, modifiés. Le support est en mouvement : il maintient l’attention et l’intérêt.

Lors d’un exercice, la classe peut observer les étapes, participer à l’élaboration, venir modifier. Le support n’est pas figé, les erreurs ne sont pas inscrites définitivement, l’enseignant peut intégrer les remarques, les corrections… Autant d’aspects bénéfiques pour la motivation de chacun.


Les avantages à utiliser un TBI

Les TBI : quels bénéfices pour l’élève ?

Ludique, créatif, interactif

Le manque de motivation est un problème dans le quotidien de la classe. L’arrivée en classe d’un TBI apporte quelques solutions.

L’interactivité entre l’enseignant et les élèves, mais aussi entre élèves amène ces derniers à être plus réactifs, plus impliqués. Les TBI permettent par exemple un support privilégié pour exposer un travail de recherches en groupe : les élèves peuvent y insérer des textes, des images, du sons, ou même des extraits vidéos… Ils sont alors bien plus investis dans leur présentation, et l’auditoire dans son écoute !
Cela favorise le dialogue entre pairs, le débat, l’argumentation. Le travail collectif trouve un nouvel essor, gagne en efficacité.

Un autre aspect du TBI le rend particulièrement ludique pour les élèves : le lien étroit qu’il entretient avec les TICE. Il permet à la classe de s’ouvrir plus facilement aux technologies numériques et d’effectuer par la même occasion un travail sur les traitements de texte, la recherche internet, la sélection d’informations… Autant de savoirs à intégrer dans le cursus scolaire des élèves.

Être acteur pour mieux apprendre

Ce dynamisme et ces interactions favorisés par les TBI rendent les élèves acteurs. En plus d’une meilleure écoute, d’une plus grande concentration, ils font preuve d’un investissement accru dans l’apprentissage.

En agissant directement avec le TBI, ils comprennent mieux, assimilent mieux. Sont alors favorisés tous les processus entrant dans l’assimilation d’une notion : l’intérêt, l’écoute active, la mise en application, l’entraînement, la facilité de mémorisation…

L’élève ne subit plus l’exposé magistral du professeur, il est actif, réactif, impliqué et investi, pour une plus grande efficacité et de meilleurs apprentissages au quotidien.

etna

 

Retour d’expérience de la classe inversée

Frédéric : Je suis avec Lovine Ramkurrun élève en première année à l’ETNA (http://www.etna-alternance.net/), qui fait des méthodes pédagogiques assez novatrices et je m’apprête à le questionner sur les particularités de ce qu’on peut appeler : « l’enseignement par projet », je crois que c’est comme ça que ça s’appelle. C’est bien comme ça qu’on définit les méthodes pédagogiques à l’ETNA ou on le décrit autrement?

Lovine : C’est bien comme ça qu’on le décrit, c’est-à-dire qu’on a pas mal de projets en fait dès le commencement de l’école. Donc, on a vraiment que des projets, on a des cours par vidéo et par la suite, dans la journée même, on a des projets à faire et à rendre au soir avant une certaine heure.

Frédéric : Est-ce que vous avez quelques cours classiques. On va dire, donc, avec un professeur, un tableau et puis des élèves qui écoutent pendant un certain temps?

Lovine : Alors, on a des cours classiques mais seulement pour des cours de rattrapage, pour l’anglais et pour le réseau, si on a du mal avec. Mais on a vraiment des cours avec des professeurs que quand on a des rattrapages.

Il n’y a vraiment pas de réels cours pour terminer un projet, enfin, tout est par vidéo.

Frédéric: Et donc ces vidéos, elles sont sur un intranet ou elles sont directement sur des sites publics?

Lovine: Alors, les vidéos sont sur l’intranet, il est précisé au début de la vidéo quand le partage est interdit. Donc c’est seulement pour les étudiants à l’ETNA.

Frédéric : Et donc il y a des contenus qui sont propres à l’ETNA?

Lovine : C’est cela, ce sont des professeurs de l’ETNA qui tournent les vidéos et qui, par la suite, sont disponibles à l’ETNA quand on a un problème, les professeurs sont là, quand on a un souci.

Frédéric : Et concrètement à quel moment vous regardez ces vidéos? Est-ce que c’est tout le monde regarde les vidéos en même temps? Ou vous avez un accès libre aux vidéos et vous organisez de votre emploi du temps?

Lovine : On est assez libre en soi, c’est-à-dire que quand on arrive, on ne se lance pas forcément pas de suite dans les vidéos. Certaines personnes prennent un peu leur temps, font leur routine quotidienne, boivent leur café, ouvrent sur leur site. Et par la suite, après, ils regardent les vidéos et ils font leur pause déjeuner. Concernant les vidéos, on est un peu obligé de les regarder, sinon, on aura beaucoup de mal à faire le projet, le projet du jour.

Frédéric : Donc, vous êtes un peu en situation de temps assez réduit, c’est ça? Vos projets durent combien de temps?

Lovine : Alors, ça dépend des projets, si on peut dire comme ça, ou de l’exercice. Alors, ceux de la journée, c’est plutôt des exercices. Par la suite, on a des projets qui peuvent durer disons, alors ça dépend vraiment, pendant la piscine*, le projet pouvait durer sur deux jours maximum quand on avait du retard. Sinon, pour les grands projets, on avait, pour les moyens projets, on va les faire en avance, les moyens projets, on avait à peu près disons une semaine, deux semaines. Là, on est sur un projet du web, un site social, c’est à peu près quelques jours. Et on a,  à peu près, ça  a commencé en Mars et il faut le rendre en Mai.

Frédéric : Et combien de temps dure ces vidéos, explicitement?

Lovine : En fait, ça dépend vraiment du cours, si c’est celui du réseau, on va avoir tout le suivi pour voir comment on va configurer ces machines et si c’est de la programmation, cela va partir  de A à Z suivant ce qu’on va devoir utiliser dans nos exercices.

Cela peut prendre entre 20 et 50 minutes, voilà.

Frédéric : Et ces vidéos, si connait bien le sujet, est-ce qu’on peut aller directement à un moment de la vidéo où il y  a quelques notions qu’on ne connait pas, est-ce qu’ont peut pointer exactement les endroits sur lesquels on veut prêter attention?

Lovine : Alors, oui, on peut très bien avancer sur la vidéo, je veux dire qu’on n’est pas obligé de la regarder entièrement surtout si on connait par exemple, l’en-tête parfaitement. Mais, après, il n’y a pas vraiment de sommaire de la vidéo, on ne peut pas savoir où aller exactement pour vraiment faire petit bout par petit bout.

Frédéric : Echantillonner, on va dire.

Lovine : Echantillonner, c’est ça.

Frédéric : Est-ce qu’on vous fournit un support qui est associé à la vidéo ; son script, on va dire quelque chose qui ressemble plus à effectivement, à un document écrit?

Lovine : Alors, parfois oui. Quand la vidéo est assez longue, on a un pdf. Un document qui reprend les notions importantes du langage de programmation, les notions qu’on aura besoin dans l’exercice du jour, enfin.

Frédéric : Les gens qui ont préparé la vidéo, ils sont accessibles, ils sont disponibles? Alors comment est-ce que vous vous adressez à eux, ils sont là physiquement ou vous leur envoyez un courriel?

Lovine : Alors, ils sont là physiquement, le jour de l’exercice, ils sont là, ils sont toujours là. Après, comme on est beaucoup d’élèves, ils vont un petit peu consacrer leur temps à ces élèves, mais ils sont là. Et puis, ils sont aussi disponibles hors ETNA c’est-à-dire on peut très bien leur envoyer un mail et ils vont répondre assez rapidement.

Frédéric : En gros, ce sont des professeurs mais ils interviennent différemment si je comprends bien?

Lovine : C’est cela oui, c’est exactement cela et parfois ces professeurs sont aussi des étudiants eux-mêmes, qui sont un spécialisés dans certains domaines où ils peuvent faire ce type de vidéo. Ce sont  les étudiants en fait qui se sont formés auprès de l’ETNA.

Frédéric : Et les vidéos, elles se présentent sous des formes variées?  Est-ce que les gens qui les créent, les professeurs ont une certaine latitude, ou est-ce qu’elles se présentent à peu près toujours de la même façon?

Lovine : Ils ont une certaine latitude ; mais il y a un format unique sur un point c’est-à-dire qu’on a toujours la personne qui tourne la vidéo, dans un petit coin de la vidéo, on  le voit toujours, ça, ça ne change pas. On voit toujours en fait la tête de la personne.

Frédéric : D’accord, donc il y a sans doute un outil qui est utilisé pour faire toutes les vidéos alors?

Lovine : C’est cela oui.

Frédéric : Et cet outil, tu connais?

Lovine : Pas du tout.

Frédéric : Et est-ce que la vidéo inclut des questions qui permettent à l’élève de vérifier si il a bien compris les choses?

Lovine : Non.

Frédéric : Il n’y a pas d’interactivité?

Lovine : Pas du tout. Après, les exercices servent justement à tester si on a compris.

Frédéric : Et donc les exercices sont corrigés par la personne qui a créé les vidéos ou cela peut-être un autre professeur?

Lovine : Non, pas du tout, ce qui se passe c’est qu’une fois les exercices terminés, il y a un système automatique qui vérifie les travaux. Je crois que c’est comme ça à l’ETNA et à l’EPITEC, c’est la Moulinette*, c’est-à-dire qu’une fois qu’on a terminé notre partie, on envoie notre programme, notre fichier en upload par SVN. La Moulinette est lancée, cela récupère le fichier, cela teste et cela donne une note ; c’est automatique.

Frédéric : Ok. Et donc, les professeurs, finalement sont détachés de la problématique correction, si je comprends bien?

Lovine : Oui, exactement.

Frédéric : Est-ce que tu penses que cette méthode s’applique à d’autres écoles, est-ce que tu en as entendu parler ou à d’autres matières?

Lovine : Non, on est pratiquement les seuls, ce n’est vraiment que pour EPITEC et ETNA. Les autres écoles, c’est le professeur, ce n’est pas vraiment le même principe, ce n’est pas le principe de projet, qu’on a toujours à faire.

Frédéric : C’est assez innovant.

Lovine : On peut dire ça.

Frédéric : Est-ce que c’est partagé par d’autres écoles du groupe IONIS, ces méthodes?

Lovine : Je ne sais pas du tout.

Frédéric : Tu vois des choses à ajouter?

Lovine : Le principe de la Moulinette, c’est la vraie problématique, mine de rien. C’est-à-dire qu’il y a un système qui vérifie si on a respecté une norme, et on peut perdre beaucoup de points même si on a bien répondu à notre exercice.

La Moulinette renvoie le résultat attendu, c’est juste pour un problème de syntaxe en fait, ça peut faire perdre beaucoup de temps, bon ça oblige un peu à respecter la norme mais cela peut être problématique.

Et puis, disons que parfois la moulinette fait subir à nos programmes des tests qui ne sont pas forcément ceux à quoi on s’attendait à recevoir du coup, le programme se fait jeter.

Frédéric : Brutalement.

Lovine : Brutalement, oui. Il faut rapidement corriger avant la fin de la journée sinon c’est zéro.

Frédéric : On a quand même la possibilité de finalement tester la Moulinette avec son programme plusieurs fois, c’est ça? On a combien de chances, on a combien de minutes?

Lovine : Cela dépend vraiment de l’humeur de ceux qui lancent la  Moulinette, enfin, je ne sais pas. Mais parfois, ils lancent deux fois par jour, je me rappelle au début de la piscine* on avait une à 15h30. Ensuite, on avait une autre vers 17h30, donc on avait très peu de temps pour corriger nos programmes, soit deux heures.

Et ensuite, la dernière était pour 23h. Parfois, il n’y a qu’un seul envoi à la Moulinette.

Frédéric : D’accord, ce n’est pas forcément la règle.

Lovine : Juste celle de 23 h, on était sûr qu’elle avait lieu.

Frédéric : D’accord. Et pendant les périodes de piscine alors, vous dormez sur place?               

Lovine : Non,  pas à l’ETNA parce qu’on ne peut pas dormir sur place, mais si on ne peut pas rentrer chez soi, on pouvait aller au Kremlin Bicêtre à l’EPITEC qui était toujours ouverte. Mais l’ETNA fermait à une certaine heure.

Frédéric : A quelle heure?

Lovine : Ça dépend à quelle heure partait ceux qui étaient là et qui pouvaient fermer l’ETNA. Puisque j’ai déjà entendu  en fait qu’il y avait qui restaient jusqu’à minuit. Du coup, ça dépend vraiment.

Frédéric : Et toi-même, tu n’as pas fait la fin de soirée.

Lovine : Non,  c’est un peu trop pour les gens qui habitent loin.

Frédéric : Oui, je vois.

Lovine : Surtout que le lendemain il fallait revenir assez tôt.

Frédéric : D’accord ok, à savoir, c’est à 7 heures?

Lovine : Non, c’était 8 heures ou 9 heures.

Frédéric : Et ce que tu appelles la Moulinette, est elle aussi utilisée pour les projets à plus grande échéance?

Lovine : Pour la correction des grands projets, une fois qu’on a terminé la piscine*, il n’y a pas de Moulinette, c’est-à-dire que c’est vraiment les professeurs qui corrigent après.

Frédéric : Ok.

Lovine : On a un créneau à réserver, on va présenter notre programme, les professeurs regardent un peu si cela fonctionne, ils regardent la qualité du code ; et enfin ils notent.

Frédéric : D’accord,  tu as d’autres choses à ajouter?

Lovine : Non.

Frédéric : Parfait, merci beaucoup.

Lovine : Cela m’a fait plaisir.

Pour mieux représenter la diversité d’usages du TBI, TableauxInteractifs souhaite donner régulièrement la parole à des enseignants qui l’utilisent. Fabrice Huin, professeur de mathématiques à l’Athénée Royal de La Louvière (Belgique) et créateur du site MathTBI.be, a gentiment accepté d’inaugurer cette série de témoignages.

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